Cette « aventure » révèle l’incapacité du monde politique à remettre en cause le dogme de la Croissance, y compris dans ses représentations les plus outrancières. La seule perspective de création d’emplois annoncés et de «retombées économiques positives» suffit à faire cautionner par nos autorités tous les arguments écologiques, sociaux et culturels les plus fumeux. En ce sens Europacity est une caricature, d’ailleurs dernièrement primée à ce titre (prix Pinocchio).
Or, pour un beau nombre de spécialistes de l’économie de l’aménagement, le moteur du développement de nos territoires n’est plus la création d’emplois. Ce sont plutôt les sources de revenus attendues qui constituent l’enjeu du développement. La Plaine de France est d’ailleurs un cas d’école de cette pensée productiviste à l’œuvre depuis quarante ans : « Plus de la moitié des emplois (et 85% de ceux qui sont les plus qualifiés) de ce territoire sont occupés par des actifs résidant ailleurs ».
Les emplois offerts par les activités très spécialisées de la plateforme de Roissy correspondent très mal aux qualifications locales. Europacity est donc caricaturalement fondé à partir d’un type de développement urbain reposant sur des grands projets métropolitains, offrant services et commerces à ceux qui n’habitent pas le lieu, qui ne cultivent pas la terre, qui ne sont que de passage. Tournant le dos à la majorité des urbains non pratiquants et des petits territoires cherchant des alternatives au modèle productiviste, carboné de la croissance éternelle.