Métiers d’EuropaCity : un éventail très restreint, des risques de “cannibalisation” entre activités

80 métiers ?

Immochan fait miroiter « 80 métiers » à EuropaCity : a priori, cela paraît beaucoup. Mais peu de gens savent qu’on en répertorie environ 12 000. Soit 0,66% du champ des possibles, ce qui est particulièrement faible. Un « vrai » pôle d’emplois (Saint-Denis par exemple) offre plusieurs milliers de métiers.

Plus l’éventail des métiers offerts est restreint, plus l’aire de recrutement du pôle d’emplois est vaste

Quelle importance diront certains, « pourvu qu’on ait du boulot »? C’est justement une question essentielle : plus l’éventail des métiers offerts est restreint, plus l’aire de recrutement du pôle d’emplois est vaste, pour pouvoir trouver une main-d’œuvre positionnée sur les quelques créneaux dont l’entreprise a besoin. L’exemple le plus frappant est le pôle de Roissy, qui emploie en moyenne 7% des travailleurs du territoire (4,7% pour Sarcelles, près de 10% pour Goussainville). Depuis son implantation en 1974, cette proportion n’a guère changé, en raison – là encore – d’une très faible palette de métiers proposés (une centaine).

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Aussi, nous constatons qu’au fur et à mesure que le pôle de Roissy grossit, son influence n’augmente pas en intensité sur son aire de proximité, mais s’étend en tache d’huile sur une aire diffuse au périmètre de plus en plus vaste, qui s’élargit au Nord du Val d’Oise, puis sur la moitié Sud de l’Oise, gagnant progressivement les communes de l’Ouest de l’Aisne. Aujourd’hui, la zone d’emploi de Roissy définie par l’INSEE s’étend sur 293 communes, dont 200 dans l’ancienne région Picardie.

En Ile-de-France, les salariés viennent de toute la région. 70% des personnels œuvrant en horaires décalés, il leur est possible d’occuper une résidence très éloignée de leur lieu de travail. Et s’ils en ont les moyens, les employés préfèrent éviter le territoire de proximité, en raison des nuisances de bruit qu’ils supportent déjà sur leur site d’activité. Les cadres, peu nombreux, habitent la vallée de Chevreuse, le bassin de Saint-Germain-en-Laye ou encore le Vexin. Exemple cuisant de cette réalité pour les actifs de Villiers-le-Bel : entre 1990 et 2008, le nombre d’emplois à Roissy a augmenté de 61 000 postes, mais moins de 1% de cette augmentation (+0,9%) a profité aux actifs de la commune (862 emplois occupés à Roissy en 2008, contre 2331 à Paris).

L’aire de recrutement d’EuropaCity serait gigantesque

Avec un éventail aussi restreint de métiers, toutes les chances seraient réunies pour que l’aire de recrutement d’EuropaCity soit gigantesque (d’ailleurs l’étude Sémaphores se garde bien de la définir, en prétendant page 3 que c’est impossible –cela a pourtant été fait pour EuroDisney – ) et que l’impact sur l’emploi local soit très faible, renforcé par des risques de « cannibalisation » entre activités concurrentes, comme semble le suggérer une étude récemment effectuée par la ville de Blanc-Mesnil, qui note des « métiers en tension » dans différentes familles professionnelles identifiées par l’étude Sémaphores (pages 17 et 18).